Portrait de Laurent Rieutort
En tant que chercheur dans le développement territorial, quel intérêt pouvez-vous identifier à la notion de territoire apprenant ?
Cette notion renouvelle le regard porté sur le développement des territoires pour placer les acteurs et leurs capacités au centre des processus. Elle apparaît comme un moyen de regrouper les différentes approches du développement territorial pour faire émerger les ressources matérielles et immatérielles ainsi que les capacités à agir collectivement. Le second élément au cœur de cette notion est la question des apprentissages individuels et collectifs. Ce sont à la fois des savoirs qui s’acquièrent tout au long de la vie, les liens entre la diversité de ces savoirs, et aussi comment on partage des connaissances.
Ce nouveau paradigme de Territoire Apprenant apparaît au moment où les territoires sont en transitions, connaissent des ruptures, cherchent à s’adapter, à être plus résilients. amène les acteurs du territoire à monter en compétences pour qu’ils puissent mieux gérer les ressources territoriales.
Comment mettez-vous en œuvre le développement de ce concept ?
En termes de recherche et de recherche-action, le territoire apprenant intègre beaucoup plus de dimensions, et de plus on considère que le chercheur est aussi un apprenant qui va observer, participer à l’action, former et être formé. Nous ne sommes plus dans un statut où on va uniquement apprendre à l’autre, mais aussi où les autres vont nous apprendre. Cela se traduit par une approche collaborative entre les chercheurs et les acteurs.
Que peut apporter cette approche de territoire apprenant dans les milieux ruraux ?
La notion de territoire apprenant possède cette capacité à fortement relier la ville et la campagne. On a des interactions permanentes entre ces deux espaces. Ce qui relie la ville et la campagne c’est par exemple des jeunes ruraux qui se rendent dans une métropole pour se former. Il y a un enjeu car une partie de la jeunesse des campagnes formées en ville, s’y établira et ne reviendra que rarement dans son territoire d’origine. Comment établir une relation plus équilibrée, en ramenant de la matière grise dans les territoires ruraux et en se demandant ce que les compétences acquises dans les métropoles peuvent apporter à ces territoires ruraux ? Les mêmes questions peuvent se poser aussi pour les porteurs de projets, les personnes en reconversion, dans les campagnes.
Ce concept a une capacité à relier des ressources au sein des territoires ruraux et ses acteurs. Il y a des notions d’innovations sociales, d’émulation collective, de lieux d’échanges, de constructions des formes de gouvernance locale, mais également des notions de mémoire collective, d’ancrage locale dans ces territoires. Cette échelle de proximité des campagnes est bien adaptée au projet de Territoires Apprenants.