Compétences locales et Industrie 4.0
Lieu d’accueil : Fougères Agglomération, Espace Le FIL Date : 27 mai 2021
Contexte et Enjeu
Giang Pham, Consultant – Chef de Projet Territoires Apprenants
La dynamique de l’économie locale à travers l’Industrie du future 4.0 :
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Un caractère de révolution permanente ?
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Une entreprise en perpétuel mouvement ?
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Comment mettre en place les structures et les systèmes ?
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La capacité des institutions à savoir s’adapter ?
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Une autre manière de voir un territoire pour préparer l’arrivée d’autres organisations.
Pierre Rousseau, Chargé d’Études Observatoire, Pays de Fougères
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Le Pays de Fougères est présent sur deux communautés de communes.
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La structure a été créée en 1969 suite à la crise industrielle.
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Le territoire a su s’adapter à cette crise.
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Notre rôle : Diffuser des informations pour faciliter cette transition.
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Jean-Baptiste Dugue, Chargé d’Études Observatoire, Mission Emploi et Formation, Pays de Fougère
Notre pays a voulu nous adapter aux mutations du territoire dues aux transitions écologiques, avec l’évolution de l’industrie.
Le projet Territoires Apprenants met en évidence une source de développement économique en dehors du système scolaire. C’est donc aller découvrir des expériences et pouvoir en faire bénéficier sur le territoire.
Xavier Lemonde, Animateur – Directeur de l’Université Européenne des Senteurs et des Saveurs
Le secteur industriel est le thème de ce webinaire. On parle de 4 révolutions industrielles, avec une première d’ordre mécanique, la deuxième avec l’électricité et la production de masse, la troisième avec l’électronique au sein de l’entreprise, et la quatrième se caractérise par l’entrée du numérique.
Cela change la façon de penser sur la production et la vente. Cette dernière révolution passe par la sécurité des données, le data management, le développement de logiciels, etc…
Il y a des questions de programmations avec des métiers de plus en plus pointus avec des niveaux de qualifications supérieurs. Tout le monde n’a pas la capacité de s’adapter.
Intervention de Michel Balluais, 1er Vice-Président de Fougères Agglomérations, délégué à l’attractivité du territoire
X.L. : Comment le territoire de Fougères est entré dans cette 4ème révolution?
Michel Balluais : La notion d’apprenant dure toute une vie. J’ai été élevé dans ce pays, ma carrière est ici. C’est un territoire des Marches de Bretagne, avec deux EPCI qui ont une activité très industrielle mais également beaucoup d’exploitations agricoles que ce soit au niveau des cultures et de l’élevage.
On est fortement marqué par un territoire d’industrie métallurgique et de haute technologie, 4.0. On mêle le geste ancestral à cette technologie.
L’industrie a eu une place colossale, il y avait 1500 ouvriers qui encombraient les rues. Les années 70 ont été très difficiles avec un énorme taux de chômage. La diversification a commencé dans les années 70-80 et continue encore. Il y a encore des entreprises du bois, du textile, des bâtiments, etc… Notre tissu d’entreprises va porter ses savoirs sur des villes comme Rennes. Il y a plus de 4500 emplois dans l’industrie qui pourrait renaître de ses cendres, c’est prouvé par les dernières observations avec un retour d’anciennes industries. Des acteurs sont revenus sur le territoire en essayant de produire des chaussures très hautes gammes cependant il y a eu des soucis de logistiques dû à l’intelligence numérique. Ils cherchaient des gens connaissant les gestes ancestraux de fabrications. Il faut combiner le numérique et les savoir-faire ancestraux.
On a une entreprise pharmaceutique qui a de grands soucis de main-d’œuvre dans la maintenance. Le taux de chômage est le 3ème plus bas de Bretagne, on doit faire des efforts d’attractivité en rendant plus facile le parcours résidentiel. On essaye de créer des maisons pour les apprenants. On essaye de lancer des projets sur les mobilités. On essaye de garder le cap sur l’attractivité en faisant du développement endogène.
X. L. : Le territoire induit une pédagogie du développement, un terrain courageux, travailleur. Deuxième point, finalement dans le propos, on est sur des compétences qui viennent s’additionner, en rapport avec le geste ancestral et la nouveauté avec les compétences numériques.
De quelle manière l’agglomération accompagne les entreprises à se développer, dans des besoins spécifiques ?
M. B. : Sur Fougères, on a des conventions avec la région et des dispositifs d’accompagnement sur le territoire. On le fait par la capacité d’accueil.
J.-B. D. : Le premier axe est une réponse sur demande, il s’agit de faire monter en compétences tout un groupe de salariés, en mobilisant la région Bretagne ou Pôle Emploi pour mettre en place la formation sur demande.
Ensuite pour la demande plus proactive. On est ici sur une proposition aux entreprises : Étudier leurs besoins et comment elles peuvent améliorer leurs activités. Il faut que l’ensemble des entreprises puissent voir comment évoluer.
Intervention de Michèle Pracht, Directrice du Campus des Métiers Fougères – Vitré Industrie
M.P. : On compte dans le campus différents acteurs comme des entreprises (36), des organisations professionnelles, la CCI, des organismes de formation, des territoires comme Fougères Agglomération, Couesnon Marche de Bretagne, Roche Aux Fées Communauté, Vitré Communauté. La région est adhérente à l’association. Nous avons également d’autres partenaires comme le FIL. Sur le campus on essaye de pallier les difficultés de recrutement dans l’industrie.
L’idée est partie d’une forte sollicitation des élus rejointe par les entreprises ou encore les CCI.
On est sur un statut associatif avec une réunification d’acteurs privés et publics, c’est un format de coopération qui émerge. C’est un territoire où la coopération fonctionne très facilement car l’histoire joue avec peut-être un tempérament particulier qui facilite la coopération.
Nos missions c’est former, acculturer, informer. On essaye de promouvoir les métiers de l’industrie et cela passe par des actions qui tournent autour de l’orientation professionnelle. On va montrer que l’industrie n’est plus celle qu’on imaginait avec un digital très présent. On essaye de construire un site pour attirer les gens en leur montrant comment fonctionnent ces métiers en montrant ce qui se passe sur le territoire avec des témoignages pour faire en sorte que les gens ne soient pas juste de passage et qu’on puisse collecter leurs noms pour les inviter ultérieurement. On a également des forums, portes ouvertes, des semaines de l’industrie. Les entreprises sont présentes à nos côtés, pour témoigner avec leurs salariés. On essaye d’aller dans les milieux scolaires également. Il y a également des modules de réalité virtuelle pour faire une approche originale.
Il y a un développement des Soft Skills, avec un focus sur les compétences comme la curiosité, le travail en équipe. On cible particulièrement l’industrie 4.0, les RSE, le management, etc…
Avec les acteurs on construit des Fablabs et après on crée des Afterworks de petit format.
Le programme est piloté par le campus, cela réuni 7 acteurs, dont Le FIL. On est sur un projet de 2,8M€, accompagné des 4 EPCI qui vient abonder de plusieurs milliers d’euros les projets.
Pas mal d’actions sont financées à travers des éléments comme l’organisation de formation, l’organisation de projets innovants sur la formation ou on donne des équipements pour innover.
On reste très ouvert à tout ce qui se passe. On se nourrit des échanges les uns avec les autres. Nous sommes un campus territorial, tous les secteurs sont représentés, on est sur une approche transversale.
J.-B. D. : Le campus ici est un réseau et non un bâtiment qui propose un ensemble de formations.
Intervention de Carole Le Solliec, Fabmanager du FabLab Le FIVE
Le FIVE est une association loi 1901, créé par des entreprises pour des entreprises. Ce fablab a été soutenu par les collectivités mais est encore dirigé par les entreprises. On a des équipements technologiques, un espace de coworking, une partie événementielle avec un développement sur l’innovation. Notre approche est celle du “learning by doing”.
Le principal objectif est de sortir le salarié de l’entreprise pour le pousser à découvrir autre chose. Aujourd’hui ça va faire 3 ans et demi qu’on existe et les premiers liens apparaissent. Sur nos territoires il y a des acteurs et personnes moteurs qui vont travailler ensemble.
On peut venir au fablab avec un projet ou non. Certains viennent pour découvrir et récolter des idées en échangeant avec les gens.
Notre système économique est principalement des cotisations des entreprises, on ne va pas faire pour les gens, ce sont les gens qui viennent car on va les former. C’est un partage de connaissances. On est chargé de maintenance, de l’événementiel… on sait faire plein de choses. L’objectif est de monter en compétence constamment en apprenant avec les utilisateurs.
Il y a des classes qui viennent découvrir ce qu’est un tiers-lieu, un fablab… grâce au projet campus, on souhaite créer un deuxième fablab à Vitré.
On veut mettre en lien les industriels et nos adhérents. On a un travail de veille technologique, on va acquérir de nouveaux équipements que l’on va faire tester aux apprenants.
L’avantage de cotiser dans un lieu comme ça est que nous allons avoir le budget pour acheter des machines, les tester et apprendre aux adhérents à les utiliser. Là est le retour sur investissement. Nous avons 4 grosses entreprises qui nous rapportent assez pour être indépendant financièrement. Il y a par exemple Thalès qui cotise et qu’on aide.
Questions
Comment se passe l’accompagnement des apprenants ?
M.P. : Nous sommes en réflexion, on aimerait voir comment on peut accompagner les apprenants, dans l’intégralité du processus, de la recherche à la formation. Essayer d’imaginer les choses plus largement, aller plus loin que simplement la formation, en regardant ce qui se passe avant mais aussi après. Le fait de se dire comment préparer la sortie vers l’emploi, les outils, les approches, une vision la plus globale possible suivre l’apprenant du début jusqu’à la fin du processus.
Quels sont les éléments déclencheurs du fablab ?
P.R. : C’est d’abord un contrat avec la Région dans lequel il y avait la question du numérique. On a eu la rencontre avec William Aumand, Fabmanager, qui avait son intérêt à créer un tel lieu.
En conclusion
René Caspar, Consultant sur Territoires Apprenants
Je trouve cette séance particulièrement intéressante. Le premier point c’est qu’on travaille sur des entreprises existantes c’est donc de l’innovation incrémentale. C’est un travail plus subtil que l’innovation de rupture et qui est plus difficile à faire comprendre aux élus car elle demande de la durée. Il y a en effet des difficultés de financement.
Il y a une acculturation, c’est rare qu’on s’en préoccupe car on est souvent sur des territoires où la population n’avait pas de ressenti et ne voulait pas rentrer dans le développement. Ici on essaie de la faire participer, il y a une acculturation et une intégration.
On se sert de la mode et du besoin pour utiliser les technologies modernes pour que les gens les utilisent. Les gens apprennent à travailler ensemble autour de ces outils.